samedi 24 octobre 2009

Pensées Mortelles - Extrait Chapitre 1

Voici un extrait de mon premier roman Pensées Mortelles publié aux Éditions de la Paix.

Appuyée contre le mur de briques grises, Enya jeta un regard autour d'elle. Les lumières à néon projetaient un éclairage blafard sur toute la station. Elle se sentait étouffée quand elle se trouvait dans cette station. C'était sombre et tout autour d'elle était de couleur terne, sauf les graffitis sur les murs, mais ça n'aidait pas à rendre l'endroit plus agréable. On aurait dit qu'elle se trouvait dans un autre monde. Peut-être était-ce dû à l'artificialité de l'endroit sans fenêtre sur l'extérieur.

Karl, Marianne et elles avaient décidé d'aller au centre d'achats et le trajet se faisait plus rapidement par métro, car c'était l'heure du retour à la maison pour tous les travailleurs et ils risquaient de se trouver bloqués dans les embouteillages. Ils avaient donc laissé l'auto dans le stationnement de l'école et se dirigeaient à pied à la station de métro qui se trouvait à peine à cinq minutes de marche de l'école. Son amie, assise un peu plus loin, discutait avec Karl d'un sujet dont Enya ignorait la teneur. Elle préférait scruter le comportement des gens qui attendaient l'arrivée des wagons. Elle était encore perdue dans ses rêveries lorsqu'un petit vent se leva du tunnel, annonçant l'arrivée du métro.

Tout à coup, le son dans sa tête s'accentua de plusieurs octaves et se fit plus violent. Enya se prit la tête à deux mains pour essayer de chasser le mal, mais en vain. Elle se retenait pour ne pas hurler sa douleur. Soudain, le son se changea en petits bruits assourdis, les mêmes qu'elle avait cru entendre quelques fois auparavant. Ces bruits s'amenuisaient tranquillement et s'éteignirent. Le silence, pour la première fois depuis longtemps, régnait dans sa tête. Elle se sentait bizarre, étourdie par ce calme inconnu, comme si cette tête qui reposait sur ses épaules n'était plus la sienne.

Son regard fut tout à coup attiré par des graffitis sur le mur de l'autre côté des rails. Des teintes de jaunes, de bleu et de rouge tapissaient la pierre, marques indélébiles du passage d'une " gang " de rue. Enya se retourna en se disant inconsciemment : " J'ai envie de les voir de plus près. " Elle avança, se rapprochant du bord du quai. Au loin, dans un coin de son cerveau, elle crut entendre un bruit métallique qui s'approchait. Cela n'avait aucune importance, elle tenait à aller voir les graffitis. Elle progressait toujours, comme un robot télécommandé. Le train semblait plus près, beaucoup plus près. Il y avait quelque chose d'intriguant dans ces dessins sur le mur, quelque chose qu'elle devait absolument analyser de plus près, mais elle n'arrivait pas à savoir quoi. La fascination qu'ils exerçaient envahissait tout son corps, comme si la réponse de tous les maux de l'univers se trouvaient dissimulée à l'intérieur de ces marques de peinture en une sorte de code secret. À chaque pas, les dessins paraissaient plus attirants. Elle devait s'en approcher encore et toujours plus. Elle ignorait le grésillement électrique des rails, les reléguant dans un coin de son cerveau. Elle fit encore quelques pas, tandis qu'une lumière venant de la profondeur du tunnel éclaira son visage. Elle avança encore, mais son pied ne rencontra que le vide.

Copyright © 2004 Éditions de la Paix

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