Pour l'occasion...
-Regarde chérie ce que j’ai trouvé tout à l’heure.
Tout sourire, il brandit devant sa femme une boîte incrustée d’étranges signes d’argent qui entouraient le mot « surprise
-Franchement, tu aurais pu au moins prendre le temps d’enlever tes souliers et ton manteau!, répliqua sa femme les mains sur les hanches.
-Oups... désolé. J’étais trop excité de te montrer mon achat. C'est le genre de trucs que je voulais me procurer depuis tellement longtemps! Les enfants aimeront tellement ça.
L’homme déposa la boîte sur la table et retraita dans l’entrée de la maison pour se dévêtir non sans cesser d’afficher ce sourire gamin. Il savait que lorsque sa femme fronçait les sourcils de cette façon, il ne servait à rien de discuter. Il défit en vitesse ses souliers et pris à peine le temps de suspendre son manteau dans la penderie. Il se précipita dans la salle à manger où l’attendait sa femme qui secouait la tête, découragée
-Quand tu te comporte de la sorte, je me demandais qui est le plus gamin, toi ou nos enfants
Il ne prêta pas attention à ses sarcasmes et ouvrit la boîte. À l’intérieur, se trouvait une main ensanglantée sur un tapis de velours rouge. Elle reposait sur le dos comme pour attendre l’aumône. Une ligne se dessinait autour du poignet tranché pour marquer l’endroit où la main s’était rattachée au bras.
Sa femme afficha une moue dégoûtée.
- C’est plutôt macabre, non
- Exactement. Et tu n’as rien vu. Tu vois, si j’appuie sur le bouton qui se trouve à l’arrière de la boîte ...
Les articulations des doigts se contractèrent et la main se ferma. Le tout était d’un naturel déconcertant pour un jouet trouver dans une vielle boutique.
- Et où as-tu trouvé cette…charmante chose.
- Dans une petite boutique dans le vieux port. Ça s’appelle la Boutique aux Horreurs. Je suis tombé dessus en me promenant après le dîner. Le vendeur m’a dit que ça donnerait des frissons garantis. Pour ce soir, on va s’en servir comme boîte à bonbon et quand les enfants sonneront, je vais les faire piger dans la boîte et j’actionnerai le mécanisme lorsque leur main sera à l’intérieur. Ils vont faire tout un saut.
- Franchement! Fais ce que tu veux, mais ne le fait surtout pas aux touts petits. Ça va leur donner des cauchemars pour plusieurs jours
* * *
Il était bientôt neuf heure. Toute la soirée, il s’était amusé à faire peur aux enfants. Certains avaient été totalement apeurés, d’autres avaient trouvé ça plutôt original et rigolo. Il avait eu moins de succès avec les parents qui accompagnaient leurs enfants. Ils secouaient la tête après avoir entendu crier leur progéniture et les poussaient le plus rapidement possible loin de la maison. Il se dit que certaines personnes n’avaient pas le sens de l’humour.
La boîte était maintenant presque vide. Le fond commençait à se faire voir. Des adolescents s’avancèrent dans l’entrée de la maison. Deux autres victimes pour lui se réjouit-il d’avance. Il les détailla du regard. Lui était vêtu d’un costume de pirate avec au bout d’une de ses mains un crochet. C’était un mélange de Jack Sparrow du film Pirate des Caraïbes et du capitane crochet. Sa partenaire s’était déguisée vampire.
- Approchez, leur dit-il.
Il s’était vêtu d’un vieil habit d’hôpital. Il s’était acheté un masque et un faux stéthoscope pour compléter l’habit. Il voulait se faire passer pour un chirurgien fou. Il avait parsemé du verni à ongle rouge un peu partout sur son habit
- Ah! Te revoilà mon cher pirate, tu es revenu chercher ce qui t’appartient.
Le jeune garçon fut décontenancé devant ses paroles. Il ne s’était pas attendu à pareil accueil. Il resta figé sur place. Sa copine dut le tirer par le bras
- C’est quoi le rapport, man?
- Tu ne te rappelle déjà plus? L’opération?
- Euh, est-ce qu’on peut avoir nos bonbons?
- Des bonbons? Je croyais que c’était pour autre chose que tu étais venu.
Le jeune garçon hésitait. Il ne savait pas quoi faire. Son amie dissimulait un sourire, trouvant la situation très drôle.
- Euh, ben là, est-ce qu’il faut que j’te chante une chanson ou quoi?
- Non, non. Peut-être que le traumatisme a été trop fort et que tu as tout oublié. Et bien voici, je te l’offre tout de même.
Il ouvrit la boîte. La main s’y trouvait, reposant sur un lit de bonbon.
- Ok, je la pogne là l’histoire! s’esclaffa le jeune pirate en regardant le crochet au bout de son bras.
- Allez, je blaguais. Prenez vos bonbons.
Il tendit la boite vers la jeune fille. Celle-ci avança tranquillement la main. Lorsqu’elle toucha à un bonbon, la main se referma sur son poignet. Elle poussa un hurlement! Paniqué, elle sortit son bras de la boîte et la main resta agrippé après elle. Elle secouait son poignet sans arrêter de crier!
Ça fais mal! hurla-t-elle. Enlevez-moi ça!
L’homme resta planté, ne sachant pas quoi faire. Il n’y comprenait rien. C’était totalement absurde. Il n’avait même pas appuyé sur le bouton. Il ne savait pas du tout ce qui se passait. Il ne pouvait qu’assister à la scène. Le jeune garçon essayait maintenant de tirer sur la main, mais il lâcha aussitôt.
- Criss! C’est pas un jouet, c’est une vraie. Il s’agenouilla et vomit dans les cèdres à côté de la maison.
Comment ça un vraie? On aurait dit que ses pieds étaient coulés dans le béton du perron. Son cœur se mit à battre jusque dans ses tempes. Une foule avait commencé à s’agglutiner en entendant des cris d’horreur. Ils étaient maintenant plusieurs à essayer de calmer la jeune fille. C’est alors que des lumières clignotantes lui balaya le visage. Une auto patrouille de l’Halloween qui sillonnait dans le quartier ce soir s’arrêta. Deux policiers débarquèrent. Pendant qu’un dispersait la foule, son coéquipier tentait de calmer la jeune fille hystérique. Tout se déroulait au ralentit pour l’homme toujours immobile.
La jeune fille finit par se calmer. Le policier s’avança, mais n’eut pas à faire grand chose, car la main tomba d’elle-même au sol. Le policier se pencha pour la ramasser, hésita puis regarda de plus prêt.
- Mais qu’est-ce que… Ses yeux s’ouvrirent comme s’il venait de voir le démon.
Il regarda l’homme devant la maison, ou plutôt la boîte dans ses mains et plissa les yeux. Il dégaina son pistolet et le pointa vers lui.
- Monsieur! Déposez cette boîte tout de suite, agenouillez-vous et posez les mains sur la tête.
L’homme entendit à peine les paroles du policier. Tout bourdonnait dans sa tête. Il regarda alors dans la boîte et vit que le velours rouge était en fait une mare de sang à moitié coagulé. Il la lâcha aussitôt et elle tomba à la renverse. Le sang qui n’était pas séché se répandit à ses pieds. Il fut prit d’un vertige et n’eut même pas à se forcer pour tomber à genoux.
Il sentit qu’on lui passait les menottes. Il entendit le policier dire à son collègue : « Appelle le commissariat. Je crois qu’on a trouvé la partie du cadavre qui nous manquait.
Il regarda l’homme menotté avec dégoût. Il lui cracha presqu’au visage
- Mais quel genre de sadique pervers es-tu?. Faire ça à des enfants!
Mais l’homme n’entendait rien. Tout ce qu’il faisait était de répéter en une litanie interminable : « La boutique aux horreurs…La boutique aux horreurs.
Mais bien sûr, il ne la retrouvèrent jamais.
Je te découvre via la plume et le poing, le blog de Gen... j'aime beaucoup cette nouvelle!
RépondreSupprimerSi tu me permets un commentaire, les "il" sont déconcertants parfois.
É.
@Sahée:
RépondreSupprimerMerci du commentaire. Je suis pas mal d'accord avec toi. Cette nouvelle a été écrite très, très rapidement, juste pour dire que je faisais quelque chose de spécial pour l'Halloween! : )