vendredi 9 août 2013

Comment j'ai Souhaité la Mort de mon Fils XXVI

Il y a des fois où la réalité dépasse toutes les fictions que l'on aurait pu imaginer. Il y a peut-être pire, ce n'est peut-être pas hors du commun, mais ceci est notre histoire, notre cauchemar.

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Chronique 26 : Le Contrôle

Mercredi 7 août

Depuis le début de cette histoire, il devient encore plus flagrant que nous n’avons pas beaucoup de contrôle sur ce que la vie nous apporte. La mort, la vie, la maladie, les enfants, la météo, la chance, la malchance, les émotions. Bien sûr, on se donne beaucoup d’outils pour se bercer de l’illusion que nous contrôlons ce qui nous arrive et nous nous y accrochons de toute nos forces, car le contraire serait plus effrayant encore ; que nous sommes à la merci de la vie.

En fait ce n’est pas complètement vrai. Nous ne contrôlons rien de ce qui nous entoure, mais il y a au moins une chose que nous pouvons contrôler, ce sont nos décisions. Personne ne peut les prendre à notre place. Bien sûr, on peut essayer de nous influencer, mais il reste qu’en bout de ligne, ce sont nos décisions. Par contre, les conséquences de celles-ci, on ne peut les contrôler et c’est ce qui fait le plus peur, qui fait que nous hésitons souvent devant certaines options et que nous avons souvent de la difficulté à assumer nos choix. On essaye de minimiser ceci et maximiser cela, mais au bout du compte, nous n’avons aucune idée de la conséquence réelle de nos décisions.

C’est ce qui fait le plus peur dans notre décision de mettre Nicolas en adoption. Nous assumons notre décision, nous sommes confiants qu’elle est la moins pire que nous puissions prendre, mais qu’aura-t-elle comme conséquence cette décision sur nous, notre couple, notre santé mentale, notre bonheur? Mais s’il n’y avait que nous, il y a aussi Nicolas, Anabelle, les membres de la famille, la famille adoptive. Tant d’inconnus et rien que nous ne pouvons contrôler.

Mais il arrive que ce qu’on tente tant bien que mal de contrôler se retrouve entre les mains d’autres personnes et que nous sachions en bout de ligne que ce sont eux qui prendront la décision et nous qui subiront les conséquences, ça devient plus difficile encore à accepter. Je pense entre autres à ceux qui aiment si fort Nicolas mais qui devront s’en séparer à tout jamais à cause de notre décision.

Mais je pense aussi à la famille adoptive. Nous savons maintenant que la DPJ a donné son accord à la famille qui se faisait évaluer. Celle-ci semble toujours se montrer réticente à une certaine ouverture envers nous. Une amie a maman qui a adopté et qui ne voulait pas rencontrer les parents biologiques nous a aidé à comprendre les raisons de cette réticence. Mais nous nous étions imaginé tout plein de scénario de comment le ‘transfert’ se ferait, mais au bout du compte, ce sont eux qui ont le choix final sur la façon que ça se déroulera. Et pour l’instant, tout semble indiquer que nous devrons laisser Nicolas un beau soir dans sa maisons d’accueil, le regarder une dernière fois et le quitter à jamais, sans avoir la moindre idée d’où il s’en va, sans être même capable de se l’imaginer. On aurait aimé que ça se passe différemment, comme nous l’aurions souhaité et imaginé, mais comme bien des choses, ce n’est pas sous notre contrôle et nous devons suivre la vague. C’est le prix à payer pour notre choix j’imagine.

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