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Chronique 26 : Le Contrôle
Mercredi 7 août
Depuis le début de cette histoire,
il devient encore plus flagrant que nous n’avons pas beaucoup de contrôle sur
ce que la vie nous apporte. La mort, la vie, la maladie, les enfants, la météo,
la chance, la malchance, les émotions. Bien sûr, on se donne beaucoup d’outils
pour se bercer de l’illusion que nous contrôlons ce qui nous arrive et nous
nous y accrochons de toute nos forces, car le contraire serait plus effrayant
encore ; que nous sommes à la merci de la vie.
En fait ce n’est pas complètement
vrai. Nous ne contrôlons rien de ce qui nous entoure, mais il y a au moins une
chose que nous pouvons contrôler, ce sont nos décisions. Personne ne peut les
prendre à notre place. Bien sûr, on peut essayer de nous influencer, mais il
reste qu’en bout de ligne, ce sont nos décisions. Par contre, les conséquences
de celles-ci, on ne peut les contrôler et c’est ce qui fait le plus peur, qui
fait que nous hésitons souvent devant certaines options et que nous avons
souvent de la difficulté à assumer nos choix. On essaye de minimiser ceci et
maximiser cela, mais au bout du compte, nous n’avons aucune idée de la
conséquence réelle de nos décisions.
C’est ce qui fait le plus peur dans
notre décision de mettre Nicolas en adoption. Nous assumons notre décision,
nous sommes confiants qu’elle est la moins pire que nous puissions prendre,
mais qu’aura-t-elle comme conséquence cette décision sur nous, notre couple,
notre santé mentale, notre bonheur? Mais s’il n’y avait que nous, il y a aussi
Nicolas, Anabelle, les membres de la famille, la famille adoptive. Tant
d’inconnus et rien que nous ne pouvons contrôler.
Mais il arrive que ce qu’on tente
tant bien que mal de contrôler se retrouve entre les mains d’autres personnes
et que nous sachions en bout de ligne que ce sont eux qui prendront la décision
et nous qui subiront les conséquences, ça devient plus difficile encore à
accepter. Je pense entre autres à ceux qui aiment si fort Nicolas mais qui
devront s’en séparer à tout jamais à cause de notre décision.
Mais je pense aussi à la famille
adoptive. Nous savons maintenant que la DPJ a donné son accord à la famille qui
se faisait évaluer. Celle-ci semble toujours se montrer réticente à une
certaine ouverture envers nous. Une amie a maman qui a adopté et qui ne voulait
pas rencontrer les parents biologiques nous a aidé à comprendre les raisons de
cette réticence. Mais nous nous étions imaginé tout plein de scénario de
comment le ‘transfert’ se ferait, mais au bout du compte, ce sont eux qui ont
le choix final sur la façon que ça se déroulera. Et pour l’instant, tout semble
indiquer que nous devrons laisser Nicolas un beau soir dans sa maisons
d’accueil, le regarder une dernière fois et le quitter à jamais, sans avoir la
moindre idée d’où il s’en va, sans être même capable de se l’imaginer. On
aurait aimé que ça se passe différemment, comme nous l’aurions souhaité et
imaginé, mais comme bien des choses, ce n’est pas sous notre contrôle et nous
devons suivre la vague. C’est le prix à payer pour notre choix j’imagine.
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